LES EDITIONS n&b
Tremblements dans la Terre
tremblements dans la voix
Fukushima pleure
Le vent dans les pins
premiers frissons
chant de l’aube
De mon bateau de papier
je te livre mes secrets
je ne suis qu’une âme de passage
Bois flottés sur la grève
la mer renvoie
l’éphémère de la vie
Écouter la pierre
ressentir ses ondes
entendre l’éternité
Aller au coeur de ton être
rêver un autre monde
te peindre en mots
Extraits
Qui ne voudrait se laver d’Athènes ? Depuis plusieurs mois un vent mauvais traverse la ville, un vent de haine et de misère, un tourbillon qui a jeté les aînés dans la rue, les enfants dans la faim et le dénuement. La ville s’est déformée, les visages se sont murés, les regards se sont perdus dans le vide, quand ils ne sont pas habités par la peur, par l’angoisse ou par le désarroi. Toute l’Attique est flétrie : les sites olympiques, qui flamboyaient il y a encore quelques années, ne sont plus que ruines. Au mieux ils abritent des dispensaires humanitaires. Au pire, ils ne sont plus désormais qu’un espace de désolation, désertés, aux murs écaillés, envahis par les mauvaises herbes ; des bassins rouillés, des sièges défoncés. Loin des vestiges antiques, patinés par des siècles d’usure, sublimes jusque dans leur effritement, les ruines modernes s’oxydent presque instantanément sous l’effet du temps, ce catalyseur qui donne à goûter la déchéance à ceux mêmes qui avaient côtoyé l’illusion de la gloire. Un immense déchet dans le monde du jetable. Alors, aujourd’hui, sur le pont du bateau, Ariane prend égoïstement plaisir à laisser loin derrière elle les murs barrés de tristesse et de révolte, les trottoirs hantés par les sans-abris couchant à même le sol, les jeunes aux cheveux nattés en tresses floues, indistinctes, tenant d’une main la laisse de quelque grand chien au poil ras et à la couleur indéfinie et de l’autre une bouteille de bière ambrée qu’ils portent avidement à la bouche. Sans parler des autres, les pires, ces forces nocturnes qui hantent de plus en plus souvent les rues et les esprits de leur violence et de leur haine. Ici, sur le ferry, le nez pointé vers le ciel fouetté par le vent, elle réussit à balancer par-dessus bord la déception qui l’a progressivement gagnée depuis son retour au pays, et la colère qui la ronge de plus en plus souvent, lorsqu’elle assiste, passive et impuissante, à ce lent naufrage. Quant au soleil, auquel elle abandonne ses paupières, il se charge de la purifier de ces visions.
[…]
Lorsqu’elle se réveille de sa sieste, bien après avoir lavé les assiettes et les verres et s’être remise à l’ouvrage, bien après s’être endormie, comme une masse sur son lit de camp, la broderie posée tout près d’elle, le livas est parti comme il était venu, en silence, en traître. L’air est devenu un peu plus respirable. Le ciel, presque crépusculaire, renvoie sur l’aile des voitures que Shérine aperçoit par le soupirail, un rougeoiement sanguin et joyeux, comme une invitation à sortir. Des connaissances de Kaiti sont là, dans le salon, Shérine les entend parler de plus en plus fort, une excitation grandissante qui se répand dans la pièce. Puis la porte d’entrée claque. Ils sont sortis. Shérine s’aventure jusqu’au salon et, bien cachée derrière le rideau, jette un œil dehors. Ils sont toujours là, à discuter et à guetter le coin de la rue, à attendre un retardataire sans doute. Leurs tenues un peu défraîchies par le temps et la chaleur sauvent pourtant les apparences et montrent qu’ils s’apprêtent à aller quelque part. Kaiti presse tout le monde. Shérine les voit rire comme jamais, avec une insouciance qu’elle n’avait jamais vue en Grèce. Comme un jour de fête. Mais que reste-t-il à fêter ? Les dames ont pris chacune sa petite pochette, une de celles que crée Kaiti, des pochettes en satin, ornées d’un grand fermoir doré. Si voyantes qu’elles ne risquent pas de les perdre. Shérine a un mouvement de recul. Ce frottement sur le plancher, ces bruits ténus qui soupirent dans la maison, c’est lui. Il n’est pas sorti ; il n’est pas avec eux. Il est ici. Quelque part dans la maison, finit-elle par comprendre, tout près d’elle. Et quand elle se tourne vers le vestibule qui mène aux chambres, il se tient là, à quelques mètres de Shérine qu’il regarde – depuis combien de temps ? – de son air hostile.
[…]
La toile illuminée, teinte dans son tiers supérieur d’un bleu azur discret mais nuancé, ne laisse pas apparaître le décor traditionnel des aventures de Karaghiozis, sa cabane de pauvre et le sérail du pacha. Juste la silhouette de deux arbres massifs, des chênes peut-être, aux feuilles sombres et épaisses, de part et d’autre du paravent. Karaghiozis et son ami Hatziavatis surgissent chacun de leur côté, un oiseau agrippé à leur bras. Dans un silence relatif, entrecoupé de temps à autre d’un klaxon lointain ou d’une remarque formulée d’une voix un peu trop forte par un gamin, on entend Karaghiozis pester contre son choucas tandis que Hatziavatis se plaint de sa corneille ; ils leur reprochent aigrement de les avoir égarés en pleine nature, tout en maudissant le marchand d’oiseaux qui leur a vendu des incapables pareils. Où trouver à présent un lieu pour fonder leur cité ? C’est à ce moment que surgit de derrière le feuillage une huppe qui n’est autre que Térée, le premier homme à avoir été transformé en oiseau. En découvrant son plumage étrange, « cette façon de porter la triple aigrette », les deux compères, pris de peur, reculent, se bousculent sans le vouloir, avant de reprendre leurs esprits et lui confier leur grand projet : édifier une cité des oiseaux.
[…]
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Parfois son pinceau
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Trace le portrait de l’Aimé
Tel qu’il était
En ce matin de mai
Comme ils se penchaient
Ensemble,
Sur le bassin des carpes.
Tout leur souriait
L’air, la lumière,
La présence des femmes,
Devisant à voix basse.
Seule Nourrice,
Qui veille d’un amour inquiet,
Murmure,
Tandis qu’elle lui enlève ses peignes :
Enfant, ne l’aime pas si vite,
Son orgueil sera plus fort que la
Parole donnée.
Il sera l’artisan du malheur.
Quel malheur Nourrice ?
Marcher dans les rues de Blida, c’est être en alerte, sur le qui-vive, oui, le qui-vive,
Heureusement il y avait les livres, il y avait tout dans les livres, des mots, des phrases, des fenêtres, des ciels, des pans de mur qui tombaient, des paysages, des sentiments inexplorés, des images comme des fleuves, des océans, des forêts.
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c’est l’envie d’avoir des yeux à facettes comme les mouches, ou des antennes dans le dos,
un instinct d’animal, une prémonition de chaque danger.
Et c’est dans le même temps cultiver l’insouciance, l’insolence, l’arrogance
qu’il ne peut rien vous arriver, pas à vous, pas là, pas maintenant,
parce que c’est juste insupportable d’y penser tout le temps.
Alors on oublie, on fait le boulevard, on va au cinéma, on va danser, jusqu’à ce qu’un petit grain fasse dérailler l’illusion, un couvre-feu plus tôt, un couvre-feu en plein jour, à midi même parfois, il faut rentrer chez vous, là, tout de suite,
ou une rumeur, ou une détonation et ça recommence,
le sauve-qui-peut, le qui-vive, le qui-vivra, le qui-vivra verra. Quoi ?
Veilleur de l’ombre,
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L’ange a niché ses plumes
Sous l’aile d’une statue,
Lumineux pléonasme ;
Qu’est-il
L’ange qui n’a d’ange que le nom,
Le regard d’en haut,
Le regard d’au-dessus ?
Ange sans obédience,
Ange du paradoxe,
Ange sans être ange,
Sans cesse voyageur caressant
De son œil doux
Les petites taches disséminées par terre,
Celles qui ne croient plus aux anges
Pour avoir trop frôlé
Celui de la mort,
Ange que dans les prières
Et les démissions
Au sol on ressuscite,
Suivant à la trace
Les pas dans la neige,
Les pas de la faim à la poursuite de
La petite poule noire qu’on égorge,
En semant des perles de sang
Comme des boutons sur une robe de mariée,
Une promise avec au sein gauche
Une fleur rouge qui dégouline lentement
Sur la fourrure immaculée de l’hiver
Si difficile à pénétrer
Dans cette traversée d’exil,
Ballet désarmé d’imperméables et de parapluies,
Traînant derrière eux des cantines
Et des valises en carton.
L’herbe jaunit entre les rails rouillés
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mais la lumière d’automne donne
à toute cette fatigue de périphérie
des airs de vieilles dorures aristocratiques
entre les rails il y a presque de la place
pour un morceau de prairie de l’Ouest
une idée de grands espaces
on y croiserait presque un cheval
l’eau du canal reste plombée
intouchée par le soleil
comme une vie tracée sans surprise
c’est une eau sans méandres
et d’où aucun poisson ne s’envole
mais entre deux canaux de rouille
il y a quand même un peu de place
pour que l’herbe attrape
la lumière d’automne
et ses visions inattendues
l’or la beauté la liberté
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Rome, le 24 janvier 1967
Ça hurle en moi. Mes veines défoncent ma peau et en moi ça crie, ça hurle encore, jusqu’à ce que mes tempes cognent contre mon crâne, comme des folles qui cherchent à se sauver, des folles essayant de fuir leur propre folie.
Athènes, mi-novembre 1974
[…] Soudain, il tombe en arrêt devant la vision de l’Acropole qui a surgi au loin, violemment, devant lui. Manos s’est toujours senti du côté de la modernité. De l’Histoire en devenir, au jour le jour, celle qu’il sent se tisser en même temps qu’il mûrit. D’où sa relative indifférence aux ruines, vestiges vénérables mais qui lui semblent énigmatiques et impénétrables, compagnons du quotidien qui l’excluent pourtant de leur monde. Mais ce jour-là, au moment où le Parthénon se dresse au loin, dans une demi-brume grisâtre, géant déchu et mutilé, il en perçoit toute la fragilité, il lit soudain l’Histoire du pays sur ses courbes défaites, sur son fronton fracassé, sur ses colonnes mordues par le temps, sur ses couleurs à jamais diluées dans la poussière jaunâtre du marbre. C’est bien la Grèce qui trône là, pathétique, nue aux yeux de tous, si patente qu’elle en est devenue invisible. Corrosion, corruption.
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Ça hurle en moi, mais je reste bien droite, figée, la main sur la poignée froide de la porte de notre chambre, que je viens d’ouvrir, il y a trente secondes, à moins que ce ne soit il y a une heure ou une semaine. Autour de moi, il n’y a qu’un silence épais comme un suaire de laine, un linceul d’ouate qui recouvre tout. Je ne perçois encore que le bruit de mes veines tambourinant sur mes tempes. Le cri qui aurait dû jaillir de ma bouche est venu s’agglutiner en plein milieu de ma gorge, en un noeud figé qui ne veut plus me quitter.
Les ronces de l’exil
Les barbelés nous clouent
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Des couronnes d’épines
Les ronciers du passage
Nous écorchent le cœur
Dans la nuit d’Argelès
La tramontane glace
Le sable du mépris
Où crèvent nos enfants
La pena es infinita
Al pasar esta raya
Les quedan a los otros
El miedo y el silencio
Et pendant que l’Espagne
Va s’habiller du noir
D’un impossible deuil
Les pays de l’Europe
Se repeignent en brun
Les barbelés nous clouent
Des couronnes d’épines
Les ronciers du passage
Nous écorchent le cœur
Les barbelés nous clouent
Des couronnes d’épines
Les ronces de l’exil
Nous déchirent le cœur
Une passante
Ceux qui fréquentent assidument le Café de la Paix se souviennent sans doute de ce délicieux jeune homme, toujours de noir vêtu, qui, hiver comme été, perdait des heures à la devanture de cette noble institution, à regarder ostensiblement passer les femmes.
Il les observait avidement, scutait, étudiait, devinait, contemplait, admirait ou jugeait le geste et l'attitude, la silhouette et le maintient des blondes et des brunes, des ordinaires et des extraordinaires, des jeunes et des vieilles. Il les buvait des yeux, où se lisait ce qu'on lit dans les yeux d'un homme qui a soif et qui regarde l'eau couler dans ses mains en coquille. La grâce infinie des nuques où dansaient les petits cheveux rebelles aux épingles des chapeaux le faisaient rêver jusqu'à ce que surgisse la suivante.
Le plus souvent, ces dames ignoraient jusqu'à l'existence de ce feu fixé sur elles depuis la terrasse devant laquelle elles “balançaient le feston et l'ourlet” !
…
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… Ligne de partage des eaux, notion de géographie pure, dont la force d’évocation poétique est si belle à mes yeux que j’en attribuerais volontiers la paternité à Jules Supervielle ou à Robert Desnos…
Il y a un moment précis dans le temps
…
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C’est en randonnant en Ardèche, par un lumineux matin de juillet, que je remarquai le panneau. Un vieux panneau rouillé, planté là, au bord du sentier, depuis un temps immémorial, au beau milieu de nulle part, et dont les lettres survivantes signalaient au marcheur que ses pas, montant et descendant, en fonction de la configuration du terrain, ne faisaient rien d’autre que suivre la ligne du partage des eaux. Je m’arrêtai devant ces mots que je lus, et relus, avec une émotion au moins égale à celle qui m’aurait saisi si j’avais dû y déchiffrer le nom de la vieille ville de Babylone, écrit en caractères assyriens, et promettant de m’introduire, au-delà de la porte d’Ishtar, sur les toits fameux des palais où, à l’ombre des citronniers, les siestes devaient être délicieuses.
Je mis mon sac à dos à terre et, boussole à la main, dépliai la carte I.G.N.. Le partage des eaux y était figuré par une ligne continue de pointillés qui partageait en deux les montagnes d’Ardèche. Au sud-est, elles descendaient doucement vers la mer, la Méditerranée, celle des anciens Phéniciens (j’allais écrire Phéaciens). Au nord-ouest, elles s’en allaient en ondulations chaotiques vers les plateaux de Haute-Loire et les rondeurs des puys d’Auvergne, au-delà desquelles, beaucoup plus loin, s’étendent les rivages atlantiques et les falaises de la Manche, qui virent passer les Vikings portés par leurs vaisseaux à têtes de dragons. Alors que je croyais d’abord marcher sur un simple chemin de crête, je dus réaliser que j’avançais, en vérité, et tel un funambule, sur la mince corde tendue qui sépare deux mondes, et qu’il me suffisait de quitter le sentier, de faire un pas à gauche, ou d’en faire un à droite, pour me retrouver dans l’un ou dans l’autre, comme on sort par la porte-fenêtre de son séjour pour se trouver sur la terrasse, au-dessus des massifs de roses de son jardin. Délicieuse et extravagante impression !… Et j’imaginais Desnos écrivant :
Où l’homme atteint le milieu exact de sa vie,
Un fragment de seconde,
Plus rapide que la lumière
Où il franchit la ligne,
Mince comme un rasoir,
Du partage des eaux.
…
Et la vérité la saisit là, dans la brise vivifiante, parfumée aux mûres, tandis qu’elle se tenait debout et immobile sur la terrasse, comme étrangère à l’émoi qui avait saisi aussi bien Liakos et Despina, que les nonchalants du café et les voisins attroupés autour de la maison pour la circonstance.
Le Dieu dont parlait le pope, avait pris son compas. Il avait tracé un cercle parfait et magique, circonscrivant le village hors du temps, loin des autres villes, loin de la mer, loin de la capitale, loin de ses parents. Puis il avait oublié Stamena, ce village perdu qui la happait, et l’avait laissé aux créatures maléfiques, dont certaines gardaient la frontière et d’autres dansaient des rondes infernales. Il avait planté la pointe du compas dans le muret de sa grand-mère, faisant éclore au centre de cette circonférence de feu, la laideur et le mal. Peut-être était-ce pour cela que le lion avait surgi, un jour, comme un avertissement à tous ceux du village, qui devaient avoir commis quelque faute épouvantable.
Comme à chaque fois qu’elle dénichait une vérité, Ismène se sentit rassérénée. Elle pouvait s’asseoir et reprendre le fil de sa lecture, sans se soucier du brouhaha environnant.
…
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Le jour fut tout entier
rayonnant
jusqu'à cette heure
où un autre monde
celui du soir
se pose
dans un fervent silence
un brin de falaise
chaude encore
cueilles des bribes
du soleil
calcaire étincelant
ultime facétie
jetée par la lumière
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Le cœur a perdu le nord
Le vent souffle où il veut
Il volera par-dessus la ville
se pliera avec les bambous
saura où trouver la mésange
et l’œil du cyclone
il battra tambour sur les volets
balaiera le jardin
passera par la cheminée
jettera le doute
dans la maison
il s’évanouira près de toi
jusqu’à l’heure bleue
où les poissons se coucheront
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A fleur de chair
la mémoire du vent
Ma main
cherche ton sein
et mon extase ancienne
Tes yeux verts
me poursuivent
au chambranle des portes
Stèle sans raison
s’érige le poème
Je tremble
je dévisage l’ombre
Bientôt le crépuscule
ses écailles profondes
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Que ferions-nous de ce silence rendues à l’im-
mobilité des heures
Des ciels plus clairs contre la nuit d’une ombre
qui insiste entre les pages de nos livres
Que ferions-nous de ce silence lampes éteintes
et miroirs blancs ?
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Perce-neige
Restait si peu de distance
jusqu'à ce que se traverse
l'épicentre.
Transparent laissez-passer,
aller simple,
transperc'émoi,
transport oblitéré.
Le prisme
du séisme,
illusion
sans fusion.
Le froid comme allié,
enserrer à bras-le-corps
toutes les périphéries
du désir.
Inspirante crevasse
où s'éboulent joies douleurs,
se comblent de quelques fleurs
sur la migrante nasse
de l'amour.
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Sans les veines de l'enfance
Les chemins durcissent.
Sans la buée des vitres tremblantes
Aux carreaux rouges et blancs
L'aquarelle se fige.
Sans le verre soufflé des premiers âges
Le sable étouffe les pas.
La pompe
Des rêves
Amorce
Le réel.
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Taille directe du présent
greffe des gestes aux racines premières
alliage éphémère
lumière toujours neuve de la pierre
les graminées la joie légère
dans la main de la métamorphose
naître à nouveau du ventre de la terre
pousser comme tige vertige
naître je m’en fiche en vrac en friche
homme femme
animal végétal
naître encore d’un mouvement de matière
éveillé dans les chaînes de lumière
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